José dos Santos Mourinho Félix, couramment appelé José Mourinho, né le 26 janvier 1963 à Setúbal, est un entraîneur de football portugais.
Surnommé « The Special One » après sa première conférence de presse en tant qu’entraîneur du Chelsea FC, en référence aux titres européens consécutifs obtenus avec le FC Porto, José Mourinho est à la fois décrié par certains et adulé par d’autres. Il est considéré comme l’un des meilleurs tacticiens de sa génération. L’entraîneur portugais est également connu pour son caractère provocateur et moqueur. Il a suivi sa formation d’entraîneur à la Faculté de motricité humaine de l’Université de Lisbonne et en est ressorti titulaire du Master Droit, Économie et Gestion du sport.
José Mourinho a entraîné au Portugal, en Angleterre, en Italie et en Espagne, remportant les championnats dans ces quatre pays, leurs coupes nationales ainsi que leurs supercoupes. Il a également gagné une Ligue Europa Conférence avec la Roma (2022), deux Ligue Europa avec le FC Porto (2003) et Manchester United (2017) et deux Ligue des Champions avec le FC Porto (2004) et l’Inter Milan (2010). Il obtient en 2011 le premier Prix d’entraîneur de l’année FIFA 2010, le Ballon d’Or des entraîneurs, devançant le sélectionneur champion du monde espagnol Vicente del Bosque ainsi que Pep Guardiola, en récompense de son travail lors de la saison 2009-2010, qui a été ponctuée par un triplé historique avec l’Inter Milan.
Biographie
Jeunesse et carrière de joueur
José Mário dos Santos Mourinho Félix est né le 26 janvier 1963 à Setúbal. Son père, Félix Mourinho, a été le gardien de but du CF Os Belenenses de 1956 à 1969, puis du Vitória de Setúbal de 1969 à 1974, réussissant à glaner au passage sa seule sélection en équipe du Portugal en 1972. Sa mère, Maria Júlia Carrajola dos Santos, était une institutrice issue d’une famille proche du pouvoir qui perdit la plupart de ses biens après la révolution des Œillets. Il a une sœur, Teresa, de trois ans son aînée2.
La mère de José Mourinho encouragea son fils à avoir du succès dans ses projets. De par le travail de son père, il baigne adolescent dans l’univers du football. Il le retrouve le week-end pour assister à ses rencontres, à Porto et à Lisbonne. Son père, devenu entraîneur, le laisse observer les séances d’entraînement, pister les équipes adverses, et donner des consignes tactiques à l’autre bout du terrain.
José Mourinho, dans l’optique de jouer au football, s’intègre à l’équipe de jeunes du Belenenses, et ayant progressé au point de passer professionnel, rejoint son père entraîneur du Rio Ave FC, à Belenenses, puis au GD Sesimbra. Manquant de rythme et de puissance, il s’aperçoit vite de ses limites. C’est dès ce moment-là qu’il met un terme à sa modeste carrière de joueur professionnel, et décide d’aller là où ses prédispositions de gestion des hommes et de tactique l’amènent.
Il quitte dès le premier jour l’école de commerce à laquelle sa mère l’avait inscrit et commence une formation de professeur à l’institut supérieur d’éducation physique. Selon le biographe Joel Neto, c’est à ce moment-là, à 23 ans, qu’il s’engage pour de bon dans le football influencé par le discours de professeurs comme Carlos Queiroz ou Manuel Sergio3.
C’est avec cette formation qu’il commence comme soigneur. Remarqué par l’entraîneur du CF Estrela da Amadora Manuel Fernandes, il se voit offrir un poste d’assistant-entraîneur pour la saison 1990-1991. Puis il devient traducteur auprès de Bobby Robson, poste qui se transforme en entraîneur-adjoint. Il le suit au Portugal, puis en Espagne au FC Barcelone (où il apprend le catalan)4, club dans lequel il reste entraîneur-adjoint après le limogeage de Bobby Robson et son remplacement par Louis van Gaal. Ces derniers sont sans aucun doute les plus grandes influences de José Mourinho.
Après son séjour en Catalogne, José Mourinho retourne au Portugal où il prend en charge le SL Benfica, club dans lequel il rencontre Maniche, l’une des références de ses dispositifs tactiques. Il entraîne ensuite l’União de Leiria.
Carrière d’entraîneur
Pour Thibaud Leplat5, José Mourinho applique les thèses de Manuel Sergio et du neurologue António Damásio, dont l’ouvrage L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, l’un des ouvrages scientifiques les plus importants du XXe siècle, serait un livre de référence. Il considère les joueurs dans leur globalité, en accordant la même importance au corps et à l’esprit : « Je ne sais pas où commence le physique et où termine le psychologique ou le tactique. Pour moi, le football et le joueur sont à prendre dans leur globalité. Je ne fais pas de préparation physique »6.
SL Benfica (2000)
La première expérience en tant qu’entraîneur se passe au SL Benfica en 2000 par João Vale e Azevedo, lorsque José Mourinho a quitté son rôle de directeur adjoint du FC Barcelone pour remplacer l’entraîneur Jupp Heynckes après la quatrième semaine de la Primeira Liga. José Mourinho a repris Carlos Mozer, ancienne star de Benfica pour être son assistant.
José Mourinho et Carlos Mozer se sont avérés une combinaison populaire, bénéficiant d’une victoire 3-0 contre les féroces rivaux Sporting CP en décembre. Leur règne, cependant, semblait en danger après que l’élection de Benfica se soit retournée contre le président du club João Vale e Azevedo. Le nouvellement élu Manuel Vilarinho a déclaré qu’il nommerait l’ancien joueur du Benfica Toni comme nouvel entraîneur, le renvoyant immédiatement. José Mourinho a utilisé la victoire sur le Sporting CP pour tester la loyauté du président et a demandé une prolongation de contrat. Manuel Vilarinho a refusé la demande, et José Mourinho a démissionné de son poste immédiatement. Il a quitté le club le 5 décembre 2000 après seulement neuf matches de championnat en charge7.
União de Leiria (2001-2002)
José Mourinho a obtenu un nouveau poste de manager en juillet 2001 avec l’União de Leiria, qu’il a emmené à sa cinquième place. L’équipe était sur une course en disputant des places aussi hautes que les troisième et quatrième en janvier 2002. Après une victoire 2-1 contre Paços de Ferreira le 27 janvier, l’équipe était à la troisième place, un point devant le FC Porto et le SL Benfica et trois points derrière le haut du classement. Les succès de José Mourinho à Leiria ne sont pas passés inaperçus et ont attiré l’attention de grands clubs portugais comme le FC Porto et son président Jorge Nuno Pinto da Costa8.
Futebol Club do Porto (2002-2004)
Il a ensuite été trié sur le volet, en janvier 2002, par le FC Porto pour remplacer Octávio Machado. José Mourinho a guidé l’équipe à la troisième place cette année-là après 15 matchs solides (G-N-P : 11-2-2) et a donné la promesse de « faire sacrer champion Porto l’année prochaine ».
Il a rapidement identifié plusieurs joueurs-clef qu’il a vu comme l’épine dorsale parfaite pour Porto : Vítor Baía, Ricardo Carvalho, Costinha, Deco, Dmitri Alenichev et Hélder Postiga. Il a rappelé le capitaine Jorge Costa, après un prêt de six mois à Charlton Athletic. Les signatures en provenance d’autres clubs incluent Nuno Valente et Derlei de l’União de Leiria, Paulo Ferreira du Vitória, Pedro Emanuel de Boavista, et Edgaras Jankauskas et Maniche, qui étaient tous deux en fin de contrat au SL Benfica.
Au cours de la pré-saison, José Mourinho mit sur le site internet du club des rapports détaillés sur la formation de l’équipe. Les rapports emploient un vocabulaire formel, faisant notamment allusion à un jogging de 20 km ou encore à un exercice prolongé d’aérobic. Ces rapports ont attiré le mépris de certains pour leurs prétentions, tandis que d’autres ont cependant fait l’éloge de l’innovation et l’application d’une approche plus scientifique pour les méthodes de formation pratique au Portugal. L’un des aspects-clef de l’ère José Mourinho au FC Porto a été sa vivacité d’esprit et le jeu sous pression, qui débutait à la ligne offensive, baptisée alta pressão (pression haute). Les capacités physiques et combatives des défenseurs et des milieux de terrains permirent au FC Porto de mettre une pression à partir des lignes offensives et forcèrent les adversaires à concéder le ballon par des passes trop longues ou mal ajustées.
En 2003, José Mourinho a remporté son premier titre de champion du Portugal avec 27 victoires, 5 matchs nuls et 2 défaites, 11 points d’avance sur le SL Benfica, club qu’il avait quitté deux ans plus tôt. Le total de 86 points sur un maximum possible de 102 était un record dans le championnat portugais depuis que la règle des trois points par victoire fut introduite. José Mourinho a également remporté la Coupe du Portugal (contre son ancien club de l’União de Leiria) et la finale de Coupe UEFA contre le club écossais du Celtic FC, en mai 2003.
La saison suivante, José Mourinho conduit l’équipe à d’autres succès : il mène le FC Porto à la victoire lors de la Supercoupe du Portugal, battant l’União de Leiria 1-0. Le FC Porto perd cependant la Supercoupe de l’UEFA 1-0 contre l’AC Milan, Andriy Shevchenko étant l’unique buteur de la rencontre. L’équipe domine le championnat portugais et termine la saison avec un record parfait à domicile, un avantage de huit points, et une série d’invincibilité qui ne se termina que contre Gil Vicente FC ; le titre est obtenu cinq semaines avant la fin de la saison. Le FC Porto perd la finale de la Coupe du Portugal à Benfica en mai 2004, mais deux semaines plus tard, José Mourinho et son club remporteront une compétition autrement prestigieuse : la Ligue des champions, avec une victoire 3-0 contre l’AS Monaco en Allemagne. Le club avait éliminé Manchester United, l’Olympique lyonnais et le Deportivo La Corogne. Leur unique défaite dans la compétition est survenue contre le Real Madrid en phase de poules.
La victoire de José Mourinho sur Manchester United laissait présager un passage à la ligue anglaise. En réponse à ses succès européens et nationaux, José Mourinho a été associé à plusieurs grands clubs européens, notamment le Liverpool FC, le Real Madrid et le Chelsea FC. José Mourinho a déclaré publiquement sa préférence pour le travail à Liverpool qu’au sein de Chelsea :
« Liverpool est une équipe qui intéresse tout le monde et Chelsea ne m’intéresse pas tellement parce que c’est un nouveau projet avec beaucoup d’argent investi. Je pense que c’est un projet qui, si le club ne réussit pas à tout gagner, alors Abramovitch pourrait prendre sa retraite et prendre l’argent du club. Il s’agit d’un projet incertain. Il est intéressant pour un entraîneur d’avoir l’argent pour embaucher des joueurs de qualité, mais on ne sait jamais si un projet comme celui-ci apportera le succès »9.
Liverpool a finalement offert son poste de direction à l’entraîneur espagnol Rafael Benítez9.