Kim Jong Un

Kim Jong Un (en chosŏn’gŭl : 김정은 et en hanja : 金正恩, prononcé /kim.d͡zɔŋ.ɯn/N 3), aussi orthographié Kim Jong-eun ou Kim Jong-un selon la norme sud-coréenne, né le 8 janvier 1982 (officiellement) ou 1983 ou 1984 à Wonsan, est un homme d’État nord-coréenactuel dirigeant suprême de la Corée du Nord, où il occupe les postes de président, puis de secrétaire général du Parti du travail de Corée, de commandant suprême de l’Armée populaire de Corée et de président de la Commission des affaires de l’État. Il dirige un régime communiste et marxiste-léniniste guidé par le juche, une idéologie collectiviste et nationaliste prônant l’indépendance nationale, le socialisme et l’autosuffisance. Le régime fonctionne selon une logique totalitaire qui a l’un des plus bas niveaux de droits de l’homme au monde.

Successeur de son père Kim Jong-il, qui lui-même avait succédé à son père Kim Il-sung, Kim Jong Un est le troisième représentant de la lignée du mont Paektu.

En 2010, il est nommé général quatre étoiles et vice-président du Comité de la défense nationale. À la fin de l’année suivante, à la suite de la mort de son père, il est proclamé « commandant suprême » de l’Armée populaire de Corée et prend ses fonctions de président du Parti du travail de Corée. En 2012, il est nommé président du Comité de la défense nationale.

Après avoir appelé à un apaisement avec la Corée du Sud, Kim Jong Un se lance dans une escalade verbale, menaçant de guerre nucléaire ce pays, ainsi que les États-Unis et le Japon. Ces déclarations sont suivies de multiples tests de missiles balistiques intercontinentaux et d’essais de bombe à hydrogène. Mais, début 2018, il amorce une détente vis-à-vis de ses ennemis historiques. Il rencontre le président sud-coréen Moon Jae-in pour un sommet historique au cours duquel les deux Corées manifestent leur volonté de réconciliation, puis, fait inédit, rencontre le président américain Donald Trump à Singapour.

En août 2019, une réforme de la constitution entre en vigueur et il devient le chef de l’État officiel de Corée du Nord. En janvier 2021, il est nommé secrétaire général du Parti du travail de Corée, remplaçant ainsi son père.

Enfance et adolescence

Naissance et enfance

Kim Jong Un est né en 1983 (ou 19842,3,4). Cependant, le régime nord-coréen indiquerait l’année 19825, qui coïnciderait avec l’année de naissance de son grand-père Kim Il-sung, né en 1912, et celle de son père Kim Jong-il, en 1942. Ce procédé a déjà été utilisé avec Kim Jong-il, né en 1941, mais dont la biographie officielle mentionne 19426. Kim Jong Un est le fils de Kim Jong-il et de Ko Young-hee, née à Osaka en juin 1953, qui arrive en Corée du Nord en 1961 avec sa famille, dans le cadre d’un programme de rapatriement de masse des résidents coréens du Japon7.

La propagande officielle prétend qu’il est né dans la villa de Kim Jong-il, à Samjiyŏn, au pied du mont Paektu, lieu historique considéré comme sacré par les Nord-Coréens8. D’autres sources prétendent qu’il aurait vu le jour à Changsong, dans la province du Pyongan du Nord9, ou à Wonsan, dans la province de Kangwon ou encore dans la province de Chagang10.

Il passe son enfance dans une maison au centre de Pyongyang11, entouré de domestiques, de gardes du corps et de milliers de jouets12. Selon les médias nord-coréens, il apprend à conduire dès l’âge de trois ans13,14. Dans les jardins de la résidence, il est au volant d’une Mercedes-Benz, équipée de pédales et d’un siège spécialement adaptés.

Le 12 mai 1991, il se rend au Japon en utilisant un vrai passeport brésilien avec une fausse identité (« Joseph Pak »15) pour visiter, avec sa mère, Tokyo Disneyland16,17 (Kim Jong-un est en effet un grand passionné de dessins animés Walt Disney). Il ne séjourne que onze jours sur le territoire nippon. En 1994, il voyage en Europe.

Études en Suisse

Kim Jong Un étudie de 1996 à 1998 à l’International School of Berne (en), à Gümligen, dans le canton de Berne en Suisse18, où son frère Kim Jong-chol est scolarisé depuis 1992 sous le nom de Pak Chol19,20. De 1998 à 2000, Kim Jong Un est élève de 7e, de 8e puis de 9e (soit 5e, 4e et 3e dans le système scolaire français)21 à l’école publique de Liebefeld22, sous l’identité de Pak Un. Il obtient de bons résultats en mathématiques et en arts plastiques23 mais il se distingue surtout par ses talents de joueur de basketball24. Il se passionne pour les matchs de la NBA25, admire Michael Jordan26, et montre avec fierté des photographies où il pose en compagnie de Toni Kukoč des Bulls de Chicago et de Kobe Bryant des Lakers de Los Angeles[réf. nécessaire]. Il possède plusieurs paires de baskets Nike d’une valeur de 200 $ la paire27. Il apprécie par ailleurs les films d’action de Jean-Claude Van Damme28 et de Jackie Chan29. Pendant tout son séjour en Suisse, il est placé sous la surveillance de Ri Tcheul, né en 194030, représentant permanent de la Corée du Nord auprès des agences de l’ONU à Genève et ambassadeur à Berne de 1988 à 200131, un homme de confiance de Kim Jong-il32, chargé notamment de recruter des médecins français33 et de gérer la fortune placée à l’étranger par le régime34,35. Selon les médias sud-coréens, le fils de Kim Jong-il ne quitte guère son domicile, un appartement sur deux étages36 au 10, Kirchstraße à Liebefeld37,38, afin de ne pas « succomber à l’influence du capitalisme »39. Il est toujours entouré de deux femmes qui s’occupent de lui et d’un homme qui lui sert de chauffeur. Il interrompt ses études en Suisse sans avoir obtenu de diplôme40,41.

Retour en Corée du Nord

De retour en Corée du Nord, il reçoit l’enseignement de Kang Sok-sung, directeur de l’Institut d’histoire du Parti du travail de Corée mort le 11 mai42 200143. De 2002 à 2007, il suit la formation de trois ans des officiers d’infanterie à l’Académie militaire Kim-Il-sung à Pyongyang44 et un programme de recherche de deux ans45 à l’école d’artillerie46,47,48. À l’université, il dispose de professeurs particuliers et n’a pas de contact avec les autres étudiants49. Il aurait enfin reçu des leçons d’informatique d’un « brillant » diplômé de l’université Paris-X qui dirigeait le département d’informatique de l’université de technologie Kim Chaek à Pyongyang50.

Durant cette période, il eut comme petite amie Hyon Song-wol, la chanteuse de Pochonbo Electronic Ensemble51,52,53.

Prétendant au pouvoir

La question de la succession est évoquée depuis au moins 2004, lorsque Kim Jong Un et son frère Kim Jong-chol accompagnent Kim Jong-il dans ses inspections d’installations militaires54. Le 27 janvier 2005, la radio d’État nord-coréenne rapporte que Kim Jong-il veut respecter les instructions de son père Kim Il-sung selon lesquelles la révolution devait être conduite par son fils puis par son petit-fils55,56. En 2006, des badges à l’effigie de Kim Jong Un sont distribués aux officiels et aux haut gradés de l’armée57,58,59 et la même année, il dirige la construction de l’université de musique de Pyongyang[réf. nécessaire]. En 2007, il aurait été affecté soit au département administratif du Parti du Travail de Corée, soit au Bureau politique général de l’armée populaire de Corée54. Les préparatifs s’accélèrent après que Kim Jong-il a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en août 200860. Le 8 janvier 2009, celui-ci annonce aux dirigeants du parti qu’il avait choisi Kim Jong-un pour successeur61,62,63. Le 26 avril 2009, lors d’une tournée d’inspection au Wonsan, Kim Jong-il exige que les cadres du parti de Wonsan lui demandent de prendre soin de Kim Jong-un64. Le 25 mai 200965, il informe les responsables de l’Armée populaire de Corée, le præsidium de l’Assemblée populaire suprême, les ministres et les diplomates nord-coréens en poste à l’étranger que son plus jeune fils lui succéderait66,67,68Kim Jong-il leur demande « de promettre fidélité » à Kim Jong Un69,70.

Début de carrière

Dès lors, la carrière de celui-ci progresse rapidement. Directeur et auteur de la Société de production de littérature du 15 avril (Chosongul : 4•15문학창작단 단장), il est élu à l’Assemblée populaire suprême le 8 mars 200971 dans la 216e circonscription électorale située dans le Pyongan du Nord en référence à la date de naissance de son père né un 16 février (2•16), mais l’information est gardée secrète jusqu’en juin 2010 72,73,74,75,76. En mars 200977,78,79,80,81 (selon d’autres sources fin 200982), il est en outre placé à la tête du département de la Sécurité d’État83,84,85. Nommé en avril 200986 au Comité de la défense nationale de la RPDC87,88 et directeur adjoint du département administratif du parti47, il est élu par l’armée délégué au Congrès du Parti du Travail de Corée le 25 août 201089 et promu général quatre étoiles (대장 Daejang) le 27 septembre 201090,91. Le 28 septembre 2010 il est élu membre du comité central du Parti du Travail de Corée92 et vice-président de la Commission centrale militaire93. Des photographies de lui sont alors publiées dans la presse94. La première apparition publique de Kim Jong Un a lieu lors d’un défilé militaire organisé en l’honneur du 65e anniversaire de la fondation du Parti du Travail de Corée, à Pyongyang, le 10 octobre 201095,96. Sa sœur, l’époux de cette dernière, et leur père Kim Jong-il sont également présents lors de ce rassemblement97.